J’étais avec un ami l’autre jour et nous nous apprêtions à partager un bon repas dans un restaurant quand, tout à coup, il reçoit un appel de son ex-conjointe. Dès les premiers mots, je peux percevoir de l’hostilité dans le ton de leur conversation. Puis, le visage de mon ami se crispe alors qu’il me jette un regard de détresse.
À mon grand désarroi, les paroles se mettent à sortir de sa bouche comme une mitraillette… Lorsqu’il raccroche, j’en suis déjà à quelques secondes à retenir ma respiration : « Mais que se passe-t-il donc? » Il se met alors à me raconter l’objet de leur dispute et je ne peux que me dire combien cela me semble futile à comparer à la scène à laquelle je viens d’assister. Pour moi, simple spectatrice confortablement installée dans mon fauteuil, tout ceci prend des proportions exagérées.
Les minutes qui suivent sont constituées d’échanges de messages textes qui, je le devine, ne doivent rien avoir de bien gentils. Mon ami n’a d’ailleurs pas desserré les dents. Pour ma part, l’idée me traverse l’esprit de m’éclipser en douce, mais je m’efforce de garder mon calme et de respecter sa réaction démesurée. Je ne suis pas d’accord avec ce qui se passe; je trouve cela tout à fait ridicule, mais je veux bien faire l’exercice de « me mettre dans ses souliers » afin de mieux comprendre ce qu’il en est. Du moins, jusqu’à un certain point et pour un certain temps.
Puis, lorsque je trouve que le temps des bombardements commence à mettre en péril ce qui devait s’avérer un souper sympathique, je m’infiltre peu à peu dans la situation en essayant de relativiser. Évidemment, mon ami essaye de justifier sa réaction en me racontant à quel point son ex-conjointe n’est pas une bonne personne. Il est vrai que la perception que nous entretenons de l’autre peut jouer sur notre patience et tolérance face à celle-ci. Peut-être que, finalement, le problème est plus profond qu’il n’y paraît... Mais il peut aussi s’agir de notre propension naturelle qui consiste à rabaisser l’autre pour gagner des galons. Chose que nous faisons tous régulièrement, n’est-ce pas? Quoiqu’il en soit, nous sommes quand même responsables de la façon dont choisissons de régler les conflits.
C’est fou comme un incident anodin peut nous faire prendre le mors aux dents! La raison en est fort simple : Nous voyons toujours tout comme une attaque et, ainsi, nous tombons en mode riposte. Si nous prenions d’abord le temps d’essayer de comprendre pourquoi l’autre agit ainsi, il y a de fortes chances que les escalades n’auraient plus lieu d’être. Nous devons développer le réflexe de nous demander si c’est vraiment important de réagir outre mesure, si le motif est fondé, si cela va réellement aider à améliorer la situation et, surtout, si cela va nous aider à nous sentir mieux.
À la fin de la journée, qu’est-ce qui est le plus important? Que nous ayons réussi à gagner notre point de vue au risque d’élargir encore davantage le fossé qui nous sépare de l’autre ou que nous soyons arrivés à garder notre calme et à ne pas prendre sur nous la colère et le stress de notre vis-à-vis?
Car c’est tout à fait cela : Une personne qui se sent mal essayera toujours de décharger son malaise sur quelqu’un d’autres. Mais nous avons le droit de refuser de prendre part au débat. Nous pouvons tout simplement dire : « Je comprends ta colère, mais cela t’appartient. » Cela n’a rien à voir avec le fait d’ignorer ou de bafouer les sentiments de l’autre, mais tout à voir avec le fait de ne plus faire de drame avec ce qui, très souvent, n’a pas sa raison d’être.
Veillons à toujours nous poser la question fondamentale suivante avec de sortir la grosse artillerie : « Est-ce si important? »