Me voici tranquillement installée devant mon ordinateur à faire ce que j’aime le plus au monde : écrire. J’ai laissé la porte de la maison entr’ouverte afin de profiter de l’air frais du matin. J’adore ce sentiment de liberté lorsque ma demeure devient une extension de ma cour arrière. Mes chats peuvent sortir et entrer à leur guise et je peux profiter du chant des oiseaux et de la douce musique du vent dans les arbres. (Soupir de bonheur.)
Tout à coup, qu’entends-je? Une mouche noire s’est infiltrée dans ma maison! Pas une mouche noire! Pas cet insecte qui, bien que pas très gros, réussit à faire vibrer toute la pièce de ses bizz incessants? Évidemment, qu’elle va me donner du fil à retordre! Elle va se faufiler dans tous les coins; s’élancer d’une fenêtre à l’autre. Et au moment où j’aurai l’impression de mettre le grappin dessus, elle repartira de plus bel.
La mouche noire me fait penser à cette chose qui, soudainement, se met à nous trotter constamment dans la tête et qui, au moment où on a l’impression d’en être libéré, revient en force nous chatouiller le bout du nez et nous exaspérer. Vous savez, cette idée, cette fixation que nous avons que, par exemple, la collègue de notre conjoint a une vue sur lui. Ou que cette phrase lancée par une amie lors d’un souper un peu arrosé cache sûrement quelque chose de pas très net. Ainsi, depuis, nous n’arrêtons pas d’y penser. À la maison, au boulot… à l’épicerie! De quoi nous rendre dingues. Nous essayons de banaliser, mais ça n’arrête pas de vibrer entre nos deux oreilles. Ça se veut persistant et perturbant. Et c’est encore pire au moment du coucher lorsque le silence s’installe. C’est à ce moment que la « mouche » se fait un malin plaisir de nous empêcher de dormir. Nous essayons de l’écrapoutir, mais elle nous file entre les doigts à chaque fois. À la fin de la nuit, ce n’est plus la tapette que nous voulons sortir, mais un bazooka car notre obsession pour la mouche finit par atteindre son paroxysme. Ça commence presqu’à ressembler au supplice chinois de la goutte d’eau.
Le plus simple, pour se débarrasser de ladite mouche, serait d’ouvrir la porte sur la discussion : En parler avec les personnes concernées ou, du moins, faire la lumière sur notre suspicion en investiguant davantage. Si nous arrivions à savoir si notre ressenti fait du sens, la mouche perdrait automatiquement de son emprise sur nous. Mais, souvent - et c’est ce qui caractérise la mouche noire - nous n’osons pas car nous doutons du bien-fondé de notre inquiétude ou nous en avons même honte. Nous ne voulons pas passer pour jaloux, immatures ou désaxés. Pourtant, ce que nous ressentons est bien réel, même si la problématique, elle, ne l’est probablement pas.
La meilleure des solutions, c’est d’inviter toute mouche noire qui souhaiterait venir perturber notre espace mental à retourner d’où elle vient sur le champ. Il faut bloquer toutes les issues pour ne pas que l’idée, la fixation, gagne en intensité. Car si nous laissons la mouche noire entrer dans notre demeure, ne serait-ce que quelques instants, elle risque de vouloir s’immiscer pour longtemps! Bizz, bizz, bizz… (Sourire)