(Extrait du Carnet de route pour manifester l'inattendu) Il est vrai que le temps passe vite, que les journées ne sont souvent pas assez longues pour accomplir tout ce que nous aimerions accomplir, que les moments de détente se font parfois rares ou inexistants… Nous avons l’impression de courir après les aiguilles de l’horloge, de faire de la gymnastique pour atteindre nos nombreux objectifs de la journée, de la semaine, du mois et de l’année. Mais pendant que nous sommes à FAIRE toutes ces choses, nous n’arrivons pas à ÊTRE présents aux gens qui partagent notre vie.
Ainsi, ils se retrouvent sur une de nos nombreuses listes; comme un item que l’on rature pour en prioriser un autre qui nous semble plus urgent ou plus intéressant. Ces personnes auxquelles nous donnons le titre d’êtres chers sont donc continuellement en attente d’un peu plus de tendresse, d’un peu plus d’attention, d’un peu plus d’intéressement de notre part à ce qu’elles sont et à ce qu’elles vivent. Nous les croisons matin et soir, mais il n’existe pas de véritables contacts entre nous, à part discuter des banalités usuelles.
Cet état s’est installé petit à petit sans que personne ne le réalise et il est désormais devenu notre scénario quotidien. C’est ainsi que les couples finissent par ne plus être des couples et que les enfants arrêtent de communiquer avec leurs parents. Nous sommes là sans être là. Nous ne savons pas ce que veut dire « s’arrêter et être présents à l’autre ». Outre le fait d’avoir (ou de croire qu’on a) un horaire trop chargé, si nous avons été élevés par des parents froids et distants, la plupart d’entre nous serons portés à reproduire le même pattern.
Ainsi, nous ne comprenons pas les besoins d’affection et de tendresse de notre partenaire puisque ce ne sont pas là des comportements qui nous sont familiers. Tout comme nous ne voyons pas la nécessité d’encourager et de motiver un enfant dans le but qu’il devienne un adulte confiant parce que ce n’est pas le traitement que nous avons reçu. Nous avons vu nos parents qui passaient leurs journées à s’ignorer et les seules marques d’attention que nous avions de leur part étaient, bien souvent, des réprimandes.
Et si, demain, notre douce moitié ou notre enfant ne rentrait pas à la maison? C’est atroce, une telle pensée. Oui. Vraiment atroce. Encore plus atroce si nous avons passé les derniers mois ou années à ignorer ou négliger son existence ou si nos rapports avec cette personne sont chaotiques.
Qu’est-ce qui nous assure qu’il y aura toujours un lendemain pour nous rattraper? Et quand bien même qu’il y aurait un autre jour, une autre semaine, un autre mois ou dix autres années, si nous ne comprenons pas aujourd’hui à quel point il est important d’être présents aux autres, et ce, avec toutes les fibres de notre corps, à quoi bon.
Nous devons faire en sorte que chaque contact soit authentique. Que l’autre puisse sentir qu’il est à cet instant précis la personne la plus importante qui existe sur terre. N’est-ce pas là un magnifique cadeau que nous pourrions nous faire mutuellement?
Malheureusement, notre tendance à tout prendre pour acquis et à penser que tout est éternel nous éloigne de tous ces moments de pur bonheur dont nous pourrions jouir. Le fait est que nous perdons intérêt à tout, trop rapidement. La principale cause est que nous vivons en surface, qu’il n’y a pas de réelle connexion dans nos contacts avec notre environnement ou les autres. Nous sommes incapables de porter une attention consciente et dirigée sur ce qui se passe ici et maintenant. Notre corps est présent, mais notre tête et notre cœur sont sur une autre planète. Sans la présence de la conscience et des émotions, toute expérience devient aride.
Je pense que chaque personne mérite d’avoir la première place dans notre vie, mais je sais que cela n’est pas tâche facile car, la plupart du temps, le conjoint se sent mis de côté aux profits des enfants. Spécialement lorsque ceux-ci sont en bas âge puisqu’ils demandent énormément de temps et d’attention. Toutefois, il est possible de faire en sorte que tout le monde se sente aimé, compris et considéré et d’être entièrement présents à l’autre (physiquement, mentalement et émotionnellement) fait partie de la solution. N’oublions pas que c’est en donnant que l’on reçoit.