Au moment d'écrire ces lignes, je suis au bord d'un lac dans une zec. Je me permets de prendre un petit temps d'arrêt pour lire un peu en écoutant le silence de la nature.
Sur le coup, cela me rassure et m'apaise. Puis, tout à coup, un petit bruit dans la forêt me fait sursauter. Moi qui suis pourtant née à la campagne, je me mets à avoir peur. Un ours? Un loup?
C'est probablement un écureuil ou un lièvre, mais le silence complet que m'offre ce décor inspirant rend tout à coup le moindre bruit inquiétant. Et c'est là qu'il me revient en tête toutes les fois où, quand j'étais enfant, le silence me faisait peur, mais surtout mal.
Je ne parle pas ici nécessairement du silence de la nature, mais de la solitude qui l'accompagne. Celle qui est imposée, jour après jour, et qui laisse trop de place au cerveau qui en profite assurément pour s'égarer dans ses pensées. Des pensées qui n'ont rien de bien réjouissantes, vous vous en doutez.
Il m'est souvent arrivé - plus tard dans la vie et à de très nombreuses reprises - de ressentir tout le poids de cette solitude silencieuse qui faisait remonter à la surface toute la peine qui m'habitait et qui amenait avec elle des questionnements par rapport au but de mon existence, de ma présence ici bas.
Paradoxalement, quand on est heureux, le silence est perçu comme un cadeau. Un cadeau qui nous permet de nous retrouver, de renouer avec notre âme. Mais pour ceux et celles qui, comme moi jadis, n'en peuvent plus d'entendre la complainte d'un passé douloureux, tous ces moments sans bruit ni présence sont souvent vécus comme des supplices.
« On sait qu'on va mieux le jour où on est capable d'apprivoiser la solitude et de s'en faire une amie. »
Aujourd'hui, je peux dire que j'apprécie les périodes passées en tête à tête avec moi-même, tout simplement parce que j'ai appris à ne plus vivre dans le passé et, surtout, parce que j'ai appris à mieux m'aimer.